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les castellins, les amis du château de Verges
10 février 2012

NUIT DE L'ECRITURE

 

Voici quelques textes qui rappelleront à certains la belle nuit de l’écriture 2010… sur le thème de la chouette…effraiedesclochersbernardmarconotlpo.jpg
et à tous ceux qui n’ont pas eu la chance de participer… ce sera juste pour le plaisir de lire !

 

  • Deux mondes

J’ai pensé ignorer le thème pour parler des enfants jouant dans le gazon en toute ignorance des adultes.img1080.jpg

Chacun son monde.

La petite fille surtout a multiplié les déambulations à 4 pattes. J’ai supposé qu’elle entrait avec plaisir dans la peau d’un quadrupède, chat ou chien. A la verticale, le tronc compliqué d’un arbre sembla l’intéresser comme jeu de cache-cache avec elle-même.
S’il faut un cadre à ses ébats je mentionnerais la gloriette aux lignes épurées qui à l’instant se passe sur ma gauche de la première étoile.
J’ai surtout été sensible aux deux mondes se côtoyant, celui de l’enfance et celui des grands qui se préparaient à s’épancher sur la page blanche parfois redoutable.

Histoire de chouettes et autres…

Cela se passait dans une petite salle chez grand-mère où nous nous réunissions pour entendre la radio, ceci dans les années 30. Deux oiseaux empaillés présidaient la séance du haut de leur perchoir : une chouette débonnaire qui me plaisait bien et une buse noire au bec crochu qui serrait dans ses griffes un oiseau ensanglanté que je détestais.
A la même époque dans mon village que traversait la route nationale de Châlon en Suisse, les mentalités étaient « évoluées ». Enfin cela nous paraissait ainsi. Pourtant j’ai entrevu sans m’y attarder, tant le tableau était imprévisible et insoutenable, celui d’une chouette crucifiée contre une porte de grange.
De quel maléfice était elle donc la victime expiatoire ?
Mais je terminerai ce récit sur une note plus intimiste et plus chaleureuse ; lié à mon amour des chats. Puce était une superbe chatte tigrée de type européen. Sa fourrure était dense avec un sous poil beige. Quand elle acceptait les caresses, j’avais plaisir à souffler dans sa toison, ouvrant ainsi des yeux de chouettes, les poils se répartissant en couronne parfaite aux points précis qu’avait ciblé mon souffle. Je multipliais ses yeux ouverts qui se refermaient pour que d’autres apparaissent.
Dans un poème écrit avec plus de finesse, je parlais de ces yeux de chouette chevêche.

Eglantine


Nuit quand tu nous tiens

Le jour se lève, la nuit tombe …… Non ! La nuit émerge du jour finissant.
Est-ce un début ou est-ce une fin ?
Ce qui vivait s’endort, ce qui dormait s’éveille.
La terre semble s’éteindre, le ciel dans l’obscurité s’illumine.
C’est chaque fois comme un nouveau lever de rideau, un nouvel acte qui commence sur la scène de l’histoire du monde, depuis que le monde est monde.
La nuit n’est pas le noir, elle est ombres et lueurs furtives, mouvantes, vivantes.
La nuit se souvient. La terre respire la chaleur ou la pluie de la journée. Tout s’atténue. Les bruits, la silhouette des arbres, les reflets.. Tout paraît lointain ou adouci, mais tout est là, immuable.
La nuit est une caresse. Elle nous tient, lovés dans le creux de sa main. Elle est l’Origine, et l’on peut s’y blottir. Les paroles sont murmures, la lumière est lueur. Tout est feutré, tout est douceur.

La nuit est promesse. Elle est pleine de nos rêves les plus fous. D’elle naîtra le prochain jour, son cortège d’espérances nouvelles et d’aventures imprévues.
Mais dormons ! un vieil hibou veille sur nous.
A minuit, il a rendez-vous avec une étoile.
La lune ne le sait pas, elle serait jalouse ! Alors, chuttt
Laissons-leur la place.

Claudine


Rimes nocturnes et crépusculaires

Je cherche une rime à chouette
Et j’entrevois une belette !
Je cherche une rime à hibou
Et j’aperçois un marabout !
Si vous m’offrez le prochain vers,
Je vous servirai une bière,
Car vous m’êtes la lumière
Solaire ou crépusculaire
Qui va bientôt quitter la terre
Et illuminer mon esprit
A l’heure où la nuit
S’installe sans bruit,
Mère de tous les fantasmes
Et de tous les fantômes,
Des oiseaux de malheur
Et des heures de bonheur !
Qui, de la chauve-souris,
De la hulotte ou du hibou
De la chouette ou du chat-huant
Me rendra mon âme d’enfant ?
Ma plume n’est pas celle d’un oiseau
Mais elle m’a pris sous son aile,
Elle m’emporte au-delà du temps,
Dans un va-et-vient incessant !

Dominique Charlot, Verges,
vendredi 25 juin 2010

Le campagnol et la comète

      Petit raton
      Petit lardon
      Sors de ton trou
      Viens voir un coup
      Viens voir la comète
      Voir comme elle allume
      Et fiche en l’air le ciel
      T’as vu sa queue
      Des milliards de fois plus longue
      Que celle du chat ?
      Petit raton
      Petit lardon
      Gros comme un sou
      Sort de son trou
      Quel fou ! Quel fou !
      Car le vilain zibou
      Peut-être le chat huant
      Fait hou hou hou
      Et crac et boum et gloups
      Mais c’est bien fait C’est bien fait
      Ebloui par la comète
      Il a raté son coup
      Hou hou hou ouille !
      Petit raton Petit lardon
      Trotte et trotte
              Il n’a rien vu du tout

 

La chouette hulotte

Le soleil disparaît dans la vallée.
Les boqueteaux s’assombrissent sur le plateau.
Des merles tardifs gazouillent dans les buissons.
Les grillons stridulent dans les hautes herbes.
Les murgers et les cabanes de bergers se fondent dans la dernière lueur du jour.
Les grillons se taisent, le silence est suspendu.
Un hululement tremblotant s’élève des épicéas.
Une chouette hulotte tourne lentement sa grosse tête aux yeux sombres et profonds.
Elle relance un trémolo territorial, s’élance dans un vol silencieux sous la lumière lunaire.
Sur un piquet le champ passe, elle se poste à l’affût du moindre mouvement, du moindre chicotement d’un mulot.

Plus tard elle ira battre les buissons de ses ailes pour y dénicher des oiseaux endormis.
Elle verra des blaireaux rapporter de la litière aux terriers, une renarde, pitance pour sa portée, des chauve-souris virevolter.
Elle picotera quelques hannetons, coléoptères.
Et juste avant le petit jour, elle regagnera un abri à la fourche d’un arbre ou dans un manchon de lierre.
Ses couleurs se confondront à l’écorce pour une nouvelle journée de somnolence jusqu’à une nouvelle nuit.

 

  • Eloge de la nuit
      L’écriture que chacun étale
      Sur un papier, une toile de maître,
      Fait-elle naître
      Cette pluie suspendue d’étoiles ?
      Comme pour imiter le ciel
      De la nuit naissante d’une kyrielle
      De lettres… Le monde chouette du rêve
      Commence où le ciel limpide s’achève…
      Cérémonuit autour des cierges
      Au pied du château de pierre de Verges
      Tandis que de chouettes bêtes hululent
      Pour séduire, invisibles et noctambules
      Au pied du chouette château,
      Les étoiles de table nous souhaitent
      De nous transformer en oiseaux de nuit
      Animal de nuit je suis
      Animal de pluie suspendue
      Nous, inconnus charmés du château
      Offrons-nous comme cadeau
             De voler vers les rêves que nous sommes devenus…



Ce soir à Verges, le front dans les étoiles
J’ai connu des instants de rare éternité

Quand le jour finissant inonde de silence
Les parfums immobiles et humides du soir
Le dernier cri d’oiseau a suspendu le temps
Vénus et Antarès ensemençent le ciel
Quand le blaireau chasse en solo
Les chauves souris en walkyries
Les chouettes rencontrent le grand duc
Mais….
Tous les oiseaux de nuit ne possèdent pas d’ailes
Certains s’en vont au bar pour s’envoler un peu
S’inventer pour un soir des aurores plus belles
Et convaincre le noir que leur ciel est tout bleu

Alors faisant la fête
Les jeunes chouettes
Les vieux hiboux
Mangent Ronron et Canigou

Comme dans leurs rêves les plus fous
Sylvain cherche toujours Sylvette
qu’il soit chaton ou vieux matou.
JLL

 

 

Braves gens,
Ecoutez la triste ritournelle

      D’un oiseau de nuit
      Que, les hommes ont banni…
      Là, la hulotte
      Chouette gardienne d’une tourelle du château
      J’ai été expulsée
      Manu « charpentier » !…
      Pour quelques gouttes de pipi
      Qu’on a pris pour des gouttes de pluie…
      Et depuis S.D.F. devenue
      La hulotte n’a pas trouvé un seul abri
      Qui pourrait l’accueillir ?
      Moi, agente assermentée, par le grand duc
      Maitre de la nuit,
      Pour faire la chasse aux souris, aux mulots
      Aux lérots….
      Moi, oiseau de mauvais augure
      Qualifiée de porteuse de mort
      Réfugiée dans une chapeloune du cimetière voisin
      Où je n’ai d’autres plaisirs que d’appeler
      A la ronde macabre, les Macabées à venir danser
      A faire peur aux dames pieuses, aux maris froussards
      A foutre la trouille à ceux qui le long du mur sans se signer
        A fermer la braguette à ceux qui voudraient pisser contre

 

 

Vos cloches sonnent le glas
Vous dites il y a un mort
Moi je hulule
Et j’annonce qu’il y en a un qui va mourir
Et vous dites : sale oiseau, oiseau de malheur, et tous les noms d’oiseau
Alors que vous pourriez m’être reconnaissante de vous inviter à toiletter le mort
De le faire beau, reposé, les mains croisées avec même un chapelet, fini d’égrener entre les doigts coincé
Respirez !
De quoi ai-je l’air !
Je suis grosse, trapue et rousse
Et pourtant je suis belle, fille de la nuit
La lumière m’éblouit. Et si mes yeux sont noirs, cerclés de brun, c’est pour mieux vous faire peur, braves gens…
Car ils sont au carnaval de la vie
Un loup de satin qui bande toute ma face
Ma face en deux rosaces
Et le bec pointu qui croche sous mes plumes
Je dégaine, comme un rapace
Sur tout ce qui trace et je broche la souris
De quoi ai-je l’air ?
Une tueuse ? Des souris et des hommes ?
N’allez pas vous signer. Et pourtant…
Nous sommes les ailes en croix clouées aux portes des étables
Oui….Oui….Dans la région de celui qui écrit
Crucifiée !
Ils pensent ainsi punir l’oiseau porte malheur et conjurer le mauvais sort
Idiot !
Ils feraient mieux de s’en prendre aux écolos ou à la météo
De quoi ai-je l’air ?
La hulotte huluberlotte…Et je vais hululer : O, hou, O Hou, O Hou
Soyez rassuré : il n’y aura pas d’annonce mortuaire
Et cependant j’aurais tellement souhaité vous faire mourir de rire
Mourir de rire ici, chez Fabry
C’est ça qui serait chouette… Alors que la paix de la nuit soit avec vous et la chouette.

Bonne nuit !

Pierre Cros

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